A HOUSE OF DYNAMITE
❤️❤️❤️💛
Un missile cinématographique qui n’atteint pas totalement sa cible

Avec son nouveau film, Kathryn Bigelow nous plonge au cœur du pouvoir américain, là où se décide l’impensable : comment réagir lorsqu’un missile nucléaire, d’origine inconnue, menace le territoire ?
La réalisatrice retrouve ici ses thématiques de prédilection : l’armée, les institutions et la tension morale face à la catastrophe. Sa mise en scène, nerveuse et immersive, fait rapidement monter la tension à son paroxysme. Caméra à l’épaule, zooms brusques et gros plans sur des visages tendus installent une véritable sensation d’urgence et de chaos.
Elle fait le choix judicieux de réaliser un film anti-spectaculaire, en focalisant sa caméra sur les personnages et leurs réactions. Portée par un casting impressionnant, la narration enchaîne les points de vue de nombreux protagonistes : de la cellule de crise à l’armée, en passant par la Maison-Blanche. Tous sont confrontés à des protocoles théoriquement infaillibles, mais dont les conséquences se révèlent trop lourdes à assumer, les plaçant face à des dilemmes moraux insolubles.
La première demi-heure, d’une intensité remarquable, fait figure de modèle de tension. Malheureusement, le film souffre de sa construction en trois actes, rejouant les mêmes événements sous différents angles. Même si le procédé offre d’autres perspectives, chaque segment n’apporte pas assez de nouveautés, allant parfois jusqu’à répéter les mêmes dialogues ; la tension finit alors par retomber. Sans parler de cette fin, très maligne, mais qui divisera sans doute les spectateurs.
Même handicapé par son choix de narration, A HOUSE OF DYNAMITE n’en demeure pas moins un thriller politique efficace, révélant la fragilité d’un système censé garantir la sécurité mondiale.


