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BUGONIA

❤️❤️❤️

Un délire complotiste à la fois absurde et fascinant.

BUGONIA

Deux cousins conspirationnistes kidnappent une grande cheffe d’entreprise pharmaceutique. Ils vont la séquestrer et l'interroger, convaincus qu’elle est en réalité une extraterrestre envoyée sur Terre afin de détruire l’humanité. Voilà le point de départ délirant de BUGONIA.

Pour leur quatrième collaboration, Yorgos Lanthimos et Emma Stone se réapproprient SAVE THE GREEN PLANET de Jang Joon-hwan (2003) et nous embarquent dans ce qui sera probablement l’un des films les plus fous de l’année. BUGONIA s’impose comme une farce satirique qui n’est pas sans rappeler EDDINGTON d’Ari Aster — ce qui n’a rien d’étonnant puisque ce dernier en est l’un des producteurs.

Mais même si BUGONIA possède de nombreuses qualités, je pense que je n’étais clairement pas prêt pour une proposition aussi radicale.

Le principal atout du film réside sans doute dans son duo d’acteurs. Le film repose énormément sur la qualité de leur jeu, sans laquelle le récit aurait pu sombrer dans le ridicule. Emma Stone incarne une femme d’affaires cynique et manipulatrice, qu’elle rend délicieusement détestable. Face à elle, Jesse Plemons campe un marginal pathétique, enfermé dans ses obsessions complotistes. Ensemble, ils forment un duo qui nous entraîne dans des scènes à la fois absurdes et provocantes, au risque de décontenancer le spectateur.

Comme toujours chez Lanthimos, la mise en scène est d’une grande maîtrise.
Même si le dispositif du huis clos la contraint, il parvient à en tirer une atmosphère anxiogène redoutable. L’utilisation du VistaVision offre des plans d’une ampleur somptueuse, magnifiés par un travail remarquable sur la lumière et la colorimétrie. Ce raffinement visuel contraste avec la violence et l’humour noir de cette satire sociale. Le tout est accompagné par une musique orchestrale qui colle parfaitement au côté théâtral de l’œuvre.

Le film pose d’ailleurs un regard sombre sur l’état de notre société, soulignant les dérives idéologiques, la manipulation de masse et l’absurdité du monde contemporain.
Il critique à travers un humour très sombre aussi bien le capitalisme que les théories du complot, tout en abordant l’écologie et l’avenir de l’humanité.

Mais BUGONIA est empreint d’une noirceur, d’une violence et d’une froideur qui risquent de laisser certains spectateurs à distance. D’autant plus que nous assistons à un combat entre deux monstres, auprès desquels nous avons bien du mal à nous identifier.

Le récit peine également à démarrer et souffre de quelques longueurs, même s’il s’emballe de manière spectaculaire dans son dernier acte. Mais là encore, même si son final est aussi malin que surprenant, il reste difficile de saisir clairement le message que Lanthimos veut réellement transmettre.

Certains pourront aussi lui reprocher quelques facilités scénaristiques, pourtant totalement assumées par l’absurdité des situations.

Avec BUGONIA, le réalisateur bouscule une nouvelle fois les codes, au risque de diviser le public, mais livre sans doute son film le plus abordable pour le grand public. Et même si je ne suis pas entré totalement dans le délire, sa proposition aura tout de même réussi à me fasciner.

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