EN FANFARE
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La musique adoucit les cœurs
Thibault, un chef d'orchestre mondialement connu, apprend qu’il est atteint d'une leucémie. Il découvre que la seule personne qui pourrait le sauver est un frère dont il ignorait l'existence, joueur de trombone dans une ville ouvrière du Nord de la France.
Sur le papier, ça fait un peu peur et ça sent fortement la comédie dramatique classique sur la fracture sociale et la rencontre de deux mondes que tout oppose. On pouvait donc craindre tous les clichés qui vont avec.
Mais c'était sans compter la finesse d'écriture du film. Car même si, en termes de cinéma et de mise en scène, ça ne réinvente pas la roue, on ne peut que louer la qualité du scénario.
Emmanuel Courcol joue justement avec les clichés pour les détourner et constamment faire rebondir le récit. Le film change ainsi souvent de direction pour agréablement surprendre le spectateur.
L'ouverture du film a un sens du rite admirable, posant son intrigue en quelques minutes à l'aide de scènes courtes et de dialogues millimétrés.
Le film réussit un vrai numéro d'équilibriste. Constamment sur le fil, il évite admirablement les faux pas et reste constamment juste dans son propos.
En termes de comédie, le film est souvent drôle sans tomber dans l’humour lourd.
La dramaturgie ne sombre jamais dans le pathos, mais parvient tout de même à toucher le spectateur grâce à l’attachement qu’il ressent pour les personnages.
Il évite aussi le piège de la caricature, comme celui du « méchant » bourgeois découvrant le monde des « gentils » ouvriers.
Et même quand il prend la direction du drame social, il réussit à ne pas en faire trop et à rebondir sans nuire au message qu'il véhicule.
Évidemment, la musique devient un moteur narratif et un langage universel liant les personnages, sans jamais écraser le reste de l’intrigue.
Mais c'est surtout la relation entre ces deux frères qui se découvrent qui retiendra l'attention du public.
Et là, la qualité de l'écriture se met au service d'un casting admirablement dirigé.
Évidemment, lorsque l'on a Benjamin Lavernhe en tête d'affiche, cela aide. L'acteur prouve une nouvelle fois qu'il est l'un des plus talentueux du moment, dont la palette de jeu n'a d'égal que le naturel déconcertant qu'il dégage à l'écran.
Mais la surprise vient surtout de Pierre Lottin. L'acteur, souvent cantonné aux mêmes types de rôles, trouve ici une occasion de briller grâce à Emmanuel Courcol qui en tire le meilleur. Il a une véritable présence à l'écran, se montrant à la fois sombre, tendre et touchant, mais aussi doté d’un timing comique des plus efficaces.
Ils sont accompagnés par une vraie fanfare locale, apportant une authentique fraîcheur au film.
Au final, le réalisateur nous livre une comédie dramatique qui parvient à se démarquer des standards et devrait réussir à toucher un large public.
On a affaire à un feel-good movie efficace, sur la fraternité, l’ambition, l’entraide et l’estime de soi.
Un film à la fois drôle et touchant, jusqu'à son final intense qui met le sourire aux lèvres, juste avant que le spectateur se dise : « Ce petit truc humide sur ma joue, ça ne serait pas une larme ? »