L’INTÉRÊT D’ADAM
❤️❤️❤️
Une plongée suffocante et bouleversante au cœur d’un hôpital en crise.

Avec son deuxième film, Laura Wandel confirme qu’elle est bien plus qu’une promesse du cinéma social belge. Après UN MONDE, qui observait le harcèlement scolaire littéralement à hauteur d’enfant, elle déplace ici son regard vers l’hôpital et raconte l’histoire d’Adam, 4 ans, hospitalisé pour malnutrition sur décision de justice. Dans les deux cas, elle montre comment des cadres censés protéger l’enfant peuvent paradoxalement l’écraser ou le mettre en danger.
La mise en scène, d’un naturalisme quasi documentaire, se transforme vite en véritable thriller. Collée à l’épaule de l’infirmière Lucy, caméra portée et plans-séquences plongent le spectateur dans une nuit étouffante, rythmée par des dilemmes moraux permanents : obéir au règlement ou tendre la main à une mère en détresse ? Cette immersion en quasi temps réel rend le récit oppressant et palpitant.
En toile de fond, le film dresse aussi un portrait glaçant d’un système hospitalier épuisé : manque de moyens, pression sur les soignants, défiance des patients, sexisme ordinaire. Wandel capte cette réalité sans didactisme, à travers le vécu intime de ses personnages.
Le récit repose entièrement sur le trio central. Léa Drucker impressionne dans le rôle de Lucy : sobre, précise, elle incarne une femme partagée entre le professionnalisme et l’élan de la compassion. Anamaria Vartolomei apporte toute la complexité nécessaire à cette mère fragile et obstinée, dont l’amour maternel se mêle au désespoir et à l’entêtement. Et comme dans UN MONDE, Wandel révèle un incroyable talent de direction d’acteurs enfants : le jeune Jules Delsart est bouleversant de naturel, rendant palpable l’innocence et la vulnérabilité de son personnage.
La cinéaste filme sans juger, refusant tout pathos, et c’est précisément cette retenue qui donne à l’émotion sa puissance. Certains spectateurs pourront reprocher au film son intensité suffocante et ses situations parfois attendues, mais son format court (1h13) en fait une œuvre tendue et profondément humaine.