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Un film d’animation qui a du cœur
J’étais assez curieux de voir ce que Michel Hazanavicius allait nous offrir avec son premier film d’animation, dont il a dessiné les personnages, et il s’avère que c’est une petite pépite.
D’entrée, j’ai été touché par la voix si particulière et grave du narrateur : Jean-Louis Trintignant.
Ça fait vraiment quelque chose de l’entendre à nouveau dans une salle de cinéma, deux ans après sa mort…
Nous sommes en Pologne, pendant la Seconde Guerre mondiale.
On y découvre un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne, parce que dans ce conte, les personnages n’ont pas de nom, comme pour rendre l’horreur du récit plus universelle.
Ils vont recueillir un bébé jeté d’un des trains qui traversent régulièrement leur bois.
Un « sans cœur », comme le nomme notre pauvre bûcheron, qui va bouleverser la vie du couple.
Alors, pour être honnête, dans un premier temps, j’ai eu un peu de mal avec le style graphique du film, mais rapidement, la direction artistique a fini par m’emporter grâce à l’ambiance qu’elle réussit à installer et, surtout, sa gestion extrêmement maîtrisée des couleurs, des ombres et des lumières.
Comme je le dis plus haut, Hazanavicius nous livre un conte extrêmement sombre, montrant le pire et le meilleur de l’être humain.
Tout au long du film, des scènes d’une grande noirceur s’enchaînent avec d’autres d’une tendresse infinie.
On navigue constamment entre l’horreur et la poésie, le tout sublimé par la magnifique musique d’Alexandre Desplat.
Son film m’a d’ailleurs pas mal fait penser au chef-d’œuvre Le Tombeau des Lucioles, pour la gravité du propos et l’onirisme qui s’en dégage.
Et si l’histoire réussit à aussi bien toucher le spectateur, c’est surtout grâce à la mise en scène du réalisateur.
Une chose que j’aime dans le cinéma, c’est quand on utilise l’image comme moteur narratif, et ça, Hazanavicius le fait ici admirablement.
Son film est peu bavard, et c’est souvent par sa mise en scène qu’il nous raconte les choses.
Aussi bien les faits, avec des scènes parfois glaçantes, que les émotions de ses personnages, comme lors d’une scène de rencontre qui vient t’arracher les poils sans le moindre mot.
Le réalisateur nous offre une œuvre profondément bouleversante, puissante et poétique, qui mérite amplement d’être découverte.