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LEURS ENFANTS APRÈS EUX

❤️❤️❤️💛

Le film qui enterre L’AMOUR OUF

Affiche film

Il est difficile de ne pas comparer LEURS ENFANTS APRÈS EUX à L’AMOUR OUF, sorti il y a quelques semaines. Tous deux adaptent des romans racontant l’histoire d’amour entre deux adolescents, sur fond de violence et de vengeance.
L’AMOUR OUF déroulait son intrigue dans les années 80, ici, ce sont les années 90 qui servent de toile de fond, chacune illustrant une époque différente tout en explorant la fracture sociale qui sépare les classes. Dans les deux cas, la musique joue un rôle primordial. Et comble de l’ironie, alors que Gilles Lellouche réalisait le premier, il campe ici un rôle secondaire.

Mais le constat est sans appel : tout ce que Lellouche a raté dans son film, les frères Boukherma le réussissent brillamment dans LEURS ENFANTS APRÈS EUX.

Ils évitent la démonstration maladroite et les excès d’effets qui plombent L’AMOUR OUF (je ne me suis toujours pas remis de ces baisers sur fond de couchers de soleil ou bien ce chewing-gum transformé en cœur battant la chamade…). Leur mise en scène reste épurée, mais n’oublie jamais de faire du vrai cinéma.

Le film flirte parfois avec les codes du western. Il offre aussi de très beaux moments, comme ce plan magnifique lors d’un bal qui raconte énormément de choses par l’image. La démesure et le côté hollywoodien vont ici laisser place à plus de pudeur et de retenue. Et ça fonctionne, car même si on a plutôt affaire ici à « l’amour flou », on s’attache aux personnages et on y croit.

Et on en arrive à un deuxième point qui fait toute la différence : quand tu n’écris pas tes personnages à la truelle, réussissant la prouesse de ridiculiser un casting quatre étoiles, ça fait toute la différence.

Le film repose principalement sur un trio de jeunes acteurs.
Et même si j’ai toujours du mal avec le jeu « effacé » de Paul Kircher, sa relation avec Angelina Woreth s’avère d’une justesse désarmante, apportant une authenticité rare à leur histoire.

Ce duo est complété par un brillant Sayyid El Alami qui forme avec Paul Kircher deux faces d’une même pièce, avec la violence et l’humiliation qui vont dicter leur vie. Il livre un personnage complexe qu’il aurait d’ailleurs été intéressant de voir plus développé.

On notera aussi la toile de fond du contexte social de l’est de la France dont la désindustrialisation fait des ravages. On suit ces adolescents en quête de repères, d’avenir et cherchant à échapper à leur destin.

Mais forcément, le spectateur retiendra surtout un Gilles Lellouche bluffant dans un rôle sombre et ambigu. Il réussit par moments à être terrifiant pour finalement s’avérer très touchant.

Après, le film aurait peut-être mérité de passer sous la barre des deux heures pour réussir à maintenir sa tension tout du long.
On pourra aussi lui reprocher son côté film jukebox et c’est vrai qu’il abuse un peu des standards musicaux des années 90. Mais il le fait plutôt bien et apporte un côté nostalgique à tous ceux qui ont traversé cette époque. Puis moi, tu me mets « Where Is My Mind » dans un film, forcément je perds un peu mon objectivité…

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