MADRE
❤️❤️❤️❤️❤️
J’avais adoré les précédents films de Sorogoyen, « Que dios nos perdone » et « El Reino », donc quand mon ouvreuse m’a conseillé « Madre », je me suis empressé d’aller le voir.
D’entrée le film s’ouvre sur un plan séquence DINGUE de 15 minutes, qui te laisse spectateur impuissant de ce qui se passe à l’écran. Une scène maitrisée de bout en bout, te prenant aux tripes pour en faire des confettis, tournée à la façon d’un thriller implacable (genre que maitrisait déjà le réalisateur dans ces précédents films). En quelques minutes, le mec confirme l’impression qu’il m’avait donné sur ces premiers films : il maitrise sa caméra comme peu de cinéastes, avec une gestion des espaces et des mouvements qui laissent admiratif.
Puis, le film bascule dans un tout autre genre, le drame phycologique, car il sera finalement très peu question du drame initial en tant que tel, auquel on aura d’ailleurs très peu de réponses. Le sujet profond de l’histoire sera la résilience de cette mère qui rencontre un adolescent, sans jamais sombrer dans le mélodrame, en ce centrant sur les sentiments des personnages. Le film est souvent très juste dans ses propos, Marta Nieto transperce l’écran avec une énorme prestation à la fois touchante et bouleversante, toujours sur le fil du rasoir, avec un jeu tout en nuance, sans jamais tomber dans l’excès ou le larmoyant….
La relation entre les deux personnages fonctionne à merveille, à la fois tendre et ambiguë. Clairement, suivant les spectateurs, l’amour qui se dégage du film sera perçu de façons différentes, mais ce qui est sûr c’est qu’il s’en dégage une vraie sincérité qui nous aide à nous attacher à ces personnages.
Niveau mise en scène, c’est du grand art, avec une photographie magnifique et une utilisation des « grands angles » sublimant les paysages des plages des Landes, mais offrant aussi des plans intérieurs de toute beauté. Le mec, maitrise vraiment le plan séquence qu’il utilise à plusieurs reprises (notamment cette scène en voiture, ce face à face dans un bar, ou bien ce repas de famille…), à chaque fois, c’est totalement justifié et cela offre des scènes vraiment marquantes. Sorogoven fait danser sa caméra et c’est un réel plaisir pour les yeux, tout en donnant un côté intimiste nous donnant vraiment l’impression de partager ces scènes avec les personnages.
Ce troisième film que je vois du réalisateur (il m’en reste deux à rattraper) prouve que Sorogoyen est un nom qui a des chances de marquer l’histoire du cinéma.
Bref, vous l’aurez compris : GROS COUP DE COEUR