THE BRUTALIST
❤️❤️❤️
Un monument cinématographique… que j’aurais préféré visiter plus vite.

Devant ce film, j’ai eu la sensation d’être au musée, face à une œuvre d’art que tout le monde admire. Tu la trouves magnifique, mais tandis que tu aimerais changer de salle, les autres restent figés à la contempler…
Évidemment, le film a de nombreuses qualités.
Le premier tour de force du film est de nous faire croire à la véracité de l’histoire qui se déroule sous nos yeux. Il est construit comme le biopic de cet architecte hongrois fuyant l’Europe d’après-guerre.
Mais surtout, c’est assez hallucinant de voir une telle maîtrise visuelle avec un budget de seulement dix millions de dollars.
Visuellement, c’est un sans-faute, avec des plans millimétrés et ce rendu si particulier du Vistavision, offrant des images sublimes et un grain ancrant le film dans son époque.
De ce côté-là, c’est une déclaration d’amour aux films d’antan.
Le film enchaîne aussi les plans marquants, comme celui repris sur l’affiche avec la statue de la Liberté inversée, symbolisant ce rêve américain illusoire…
Il nous offre également quelques plans-séquences saisissants, avec notamment cette scène d’ouverture oppressante.
La photographie et le soin apporté au rapport d’échelle enfoncent le clou : c’est un vrai régal pour les yeux.
Autre énorme atout du film : son casting.
Bien sûr, Adrien Brody en tête, qui livre ici probablement son interprétation la plus saisissante, incarnant un personnage torturé, résilient et combatif. Et même si la polémique sur l’usage de l’IA pour améliorer son accent fait débat, il mérite certainement l’Oscar cette année. (En suivant ce raisonnement, faudrait-il remettre en cause l’interprétation de John Hurt dans ELEPHAN MAN sous prétexte qu’il était maquillé ?).
Guy Pearce et Felicity Jones ne sont pas en reste et impressionnent par la justesse de leur jeu.
Le film aborde de nombreux thèmes.
Bien sûr, l’architecture, mais ce n’est finalement qu’une façade. Il s’intéresse davantage au rêve américain et au mépris de classe, en passant par l’antisémitisme, l’ambition, le sacrifice ou encore les relations de pouvoir…
Bref, le film est extrêmement dense.
Et pourtant…
Malgré toutes ses qualités formelles, THE BRUTALIST ne m’a jamais réellement embarqué, et je suis resté en retrait face à sa proposition.
Le problème principal est qu’il ne m’a jamais touché émotionnellement. Malgré la richesse des sujets abordés, son ton froid et distant a rendu mon attachement aux personnages difficile. Et vu sa durée, c’est un vrai problème…
Car le film est très long, et j’ai clairement ressenti les 3h35 passer, même avec un entracte de 15 minutes au milieu.
Si sa première partie a su capter mon attention, la deuxième, malgré l’introduction d’un personnage féminin apportant un peu de sang neuf, m’a donné l’impression que le récit ne faisait que marteler les mêmes idées.
Pire encore, comme un aveu d’échec, il a besoin d’un épilogue pour expliquer ce qu’il n’a pas réussi à mettre en images, malgré sa durée. Et même si ce coup de théâtre fait son effet, il aurait été bien plus intéressant de voir ce thème réellement exploité dans la deuxième partie, plutôt que de ressasser ceux du premier acte.
Alors certes, sur la forme, c’est du grand cinéma, un film qui marquera probablement l’histoire du septième art. Il vaut vraiment le coup d’œil, mais je ne peux m’empêcher d’avoir un arrière-goût d’inachevé. J’attendais une fresque avec un impact émotionnel bien plus fort…