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THE SUBSTANCE

❤️❤️❤️❤️

Une expérience cinématographique unique et radicale

Affiche film

Ex-star du cinéma, une actrice de 50 ans, mise sur la touche, décide de prendre une mystérieuse substance permettant de créer une meilleure version d’elle-même : plus jeune, plus belle, plus parfaite. Évidemment, cela implique de respecter des règles strictes, et quand celles-ci ne sont pas suivies, les conséquences peuvent être désastreuses.

Souvent, je parle « d’expérience cinématographique », ces films conçus pour être vus en salle, où ils gagnent une puissance inégalable sur petit écran. Clairement, THE SUBSTANCE en est l’exemple parfait, et il serait regrettable de ne pas le découvrir au cinéma. Coralie Fargeat livre ici un film aussi audacieux que viscéral. Elle a apporté un soin particulier à chaque scène pour qu’elle explose littéralement dans l'obscurité de la salle. Chaque détail compte, que ce soit la maîtrise du cadre, les couleurs, le montage, et surtout le travail sur le son, qui transforme l’ensemble en un rouleau compresseur émotionnel. Visuellement, le rendu est époustouflant. Le spectacle offert est saisissant, et j’ai rarement cligné des yeux aussi peu lors d’une séance cinéma.

Mais attention, le film est ultra radical et n’est pas à mettre entre toutes les mains. On est ici face à un film d’horreur, plus précisément du body horror. Ce n’est pas une succession de meurtres sanglants ; on se rapproche plutôt de LA MOUCHE. Le film multiplie d'ailleurs les références : Cronenberg, mais aussi Carpenter, Kubrick, et même LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY. Cela n’empêche cependant pas la réalisatrice de créer son propre univers.
Les effets spéciaux sont remarquables, avec une grande utilisation d'effets pratiques. Et si, comme moi, vous avez la phobie des aiguilles et autres piqûres, le film peut se révéler particulièrement éprouvant.

Dès la scène d’ouverture, où l’on voit le temps passer sur une étoile du Walk of Fame d’Hollywood, j’ai été happé et rarement relâché. Le thème de l’érosion de la beauté et du passage du temps est évidemment central. Même s’il s’agit d’un film d’horreur, il y a une véritable profondeur, en abordant la pression subie par les actrices pour rester éternellement belles, ainsi que l’obsession de notre société pour l’image et l’apparence, exacerbée par les réseaux sociaux et les tendances de la mode.

Pour traiter ce sujet, la réalisatrice a choisi l’humour, car, étonnamment, le film est très drôle, devenant souvent une comédie satirique. Même si ce n’est pas toujours subtil et que la caricature (totalement assumée) est poussée à l’extrême, l’humour noir fonctionne à merveille.

On pourrait reprocher à Coralie Fargeat une certaine tendance à l’excès, autant dans la forme que dans le fond. Que ce soit dans sa façon d’aller à fond dans le male gaze lorsqu’elle filme le corps de Margaret Qualley sur le plateau, ou dans le portrait divinement odieux de Dennis Quaid, mais cela ne va jamais à l’encontre du propos du film. Même dans le dernier acte, où elle pousse les curseurs à fond, risquant de perdre une partie du public, le film bascule alors dans un burlesque complètement fou et jubilatoire, culminant avec un dernier plan aussi audacieux que marquant.

Et comment ne pas parler de Demi Moore, qui se livre corps et âme dans ce rôle, offrant probablement la meilleure prestation de sa carrière. Elle se met littéralement à nu devant la caméra, dans un rôle qui semble taillé sur mesure pour elle. Le film exploite son histoire personnelle et son image publique, ajoutant une couche supplémentaire de complexité et d'émotion. Bien qu'elle ait peu de dialogues, elle parvient à toucher le public, notamment lors d’une scène de maquillage bluffante : une séquence silencieuse mais incroyablement puissante, capturant toute la fragilité et la force de son personnage sans un mot.

C’est d’ailleurs l’un des grands atouts du film : il n’oublie jamais de faire du cinéma. Souvent, sans dialogue, mais uniquement à travers l’image et le son, la réalisatrice parvient à transmettre des émotions et à délivrer son message.

Vous l’aurez compris, j’ai adoré THE SUBSTANCE, et je vous invite vivement à le découvrir en salle, car il y gagne considérablement en puissance.

Alors, est-ce le meilleur film de l’année ? Je ne pense pas.
Est-ce le meilleur film d’horreur des dernières années ? Très certainement, et bien plus encore.
Est-ce l’expérience cinématographique la plus marquante que j’ai vécue cette année ? Absolument, et de loin !

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