UN SIMPLE ACCIDENT
❤️❤️❤️💛
Le cinéma comme acte de résistance

Tourné clandestinement après son incarcération, UN SIMPLE ACCIDENT s’impose comme un film à la fois brûlot politique et réflexion morale. Jafar Panahi y dénonce la violence du régime iranien et la corruption systémique qui broie son pays.
Mais il ne filme pas frontalement la répression : ce sont les voix brisées de ses personnages, leurs récits fragmentés et leurs silences qui en deviennent les témoins.
Le récit, entre thriller et road movie teinté d’humour satirique, se déploie dans un quasi huis clos. L’action se concentre autour d’un van où se croisent des victimes en quête de vérité.
C’est là que s’installe la tension dramatique, nourrie par un dilemme moral central : les protagonistes ont-ils réellement retrouvé leur bourreau, ou projettent-ils leurs traumas sur un innocent ? Panahi questionne ainsi la justice, la légitimité de la vengeance et la fragilité de la mémoire quand le doute demeure.
Le réalisateur insuffle par moments un humour noir, presque burlesque, qui sert autant de respiration que de contrepoint à la gravité du propos.
La mise en scène, d’une sobriété maîtrisée, fait un usage admirable du plan-séquence et du hors-champ, et conférent à l’ensemble une intensité dramatique constante.
Le film monte en puissance jusqu’à un plan final glaçant, qui restera un des plus marquants de l’année.
Et si son efficacité ne fait aucun doute, je reste dubitatif sur sa palme d'or. Là où l'année dernière le bijou LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE aurait d'autant plus mérité le sacre ultime. Mais, par son existence même, UN SIMPLE ACCIDENT est un acte de résistance qui mérite amplement d'être découvert.