BILAN AVIGNON OFF 2018
Avignon OFF 2018 – Clap de fin
C’est le moment du bilan de cette saison assez folle.
20 spectacles vus cette année, on peut clairement dire que c’est devenu une drogue.
Je commence d’ailleurs déjà à sentir les effets de la dépendance et le sevrage de 11 mois risque d’être long.
Encore une fois, je sors de ces trois semaines avec plein de souvenirs.
Certains « habitués » ont manqué, mais j’ai aussi pu offrir la chance à d’autres personnes de découvrir ce Festival
Alors, avant même les spectacles, le OFF c’est cette ambiance bien particulière qu’offre la ville pendant un mois.
Ces rues recouvertes d’affiches, ces artistes qui flyent inlassablement pour attirer les spectateurs, ces terrasses de bars et de restaurants où l’on cherche un peu de repos et de fraicheur, ces spectacles de rue…
Et puis ce sont surtout 1538 spectacles dans 133 lieux.
Bien sûr il faut choisir, en espérant tomber sur la perle de l’année. On cherche ce que l’on va voir en discutant avec ses amis, d’autres festivaliers, les artistes, on lit des journaux, des blogs… Et puis on se lance…
Alors, évidemment, tout ce que l’on peut découvrir n’est pas de qualité, et parfois on tombe sur quelque chose qui ressemble à un supplice où le temps semble s’éterniser, comme ça a été le cas pour moi cette année avec Laura Laune (Humour lourd, répétitif et gratuit…). Idem, avec « Aux deux Colombes » et « Meurtres mystérieux à Manhattan » qui prouvent qu’un texte ne vaut rien si il n’y a pas le jeu d’acteur, la mise en scène, les décors, la lumière, la musique…
Mais, quand une troupe arrive à associer tous ces éléments on touche le graal et le public à la chance de vivre un truc énorme où la proximité des acteurs intensifie chaque émotion
Et pour ce qui est des perles théâtrales, on peut dire que le OFF 2018 a été particulièrement généreux cette année (amis Parisiens, sortez vos agendas, car vous aurez surement la chance de pouvoir en découvrir certains cette année)
LA MACHINE DE TURING : La grosse baffe de cette édition dont tout le monde parlait dans les files d’attente. On en entendra surement parler aux prochains Molières. Surtout ce Benoit Solès qui offre une prestation fabuleuse dans son incarnation de Turing.
ADIEU MR HAFFMANN : Il aura fallu que j’attende sa 3e participation au festival pour le voir et comprendre qu’il mérite amplement le bien qu’on en dit et ses nominations (mention spéciale à une Julie Cavanna qui a fait chavirer mon cœur). Original, intelligent, mise en scène judicieuse, casting 4* et à ma grande surprise très drôle
ET SI ON NE SE MENTAIT PLUS : J’y suis allé à reculons en pensant que ça allait être élitiste. Cinq auteurs du début des années 1900 qui se réunissent une fois par semaine pour un repas… N’étant pas très calé sur le sujet, je pensais passer à côté… Sauf, que finalement le sujet n’est qu’un prétexte pour nous offrir un hymne à l’amitié. Au final, c’est LA pièce feel-good, on en ressort avec la banane et une envie de faire une soirée entre potes.
EST-CE QUE J’AI UNE GUEULE D’ARLETY : Les 4 acteurs nous offrent une débauche d’énergie pour offrir un spectacle des plus vivants nous relatant la vie d’Arlety (dont l’interprétation est d’un mimétisme assez hallucinant). Ca chante, ça danse, on rit, on pleure, on vibre… Un très grand moment de théâtre.
VENISE N’EST PAS EN ITALIE : Un seul en scène porté par le talent d’un acteur qui nous raconte la première histoire d’amour d’un adolescent, en incarnant à la perfection une douzaine de personnages au point de nous faire oublier qu’il est seul sur scène.
L’OISEAU VERT : Mon premier spectacle de Comedia Dell’arte. Et ce qui est sûr c’est que le petit groupe que nous étions hier soir sommes sortis avec des étoiles pleins les yeux. Un grand moment de poésie haut en couleurs. L’utilisation du décor est une prouesse. Ajoutez à cela l’humour, souvent burlesque, les chants oniriques, les costumes, la réflexion philosophique sur l’amour propre… on ne peut qu’être transporté par cette fable qui réveille l’enfant qui sommeille en vous
PIANO FURIOSO : Tout simplement la barre de rire de ces trois semaines. Un pianiste virtuose nous fait découvrir le piano dans un spectacle inclassable bourré d’humour.
Et puis il y a ces spectacles dont on ne ressort pas indemnes, qui font réfléchir et que j’affectionne tant lorsqu’ils arrivent à me transpercer
TU SERAS UN HOMME PAPA : J’en avais fait la critique il y a un an. Forcément, vu le sujet, ce spectacle à une saveur particulière pour moi. Ma nièce voulait absolument le découvrir. C’est chose faite, et malgré son déluge de larmes à la sortie, ce sont le côté humain et la pudeur des propos qui l’emportent sur cette chronique d’une mort annoncée…
VIVRE NE SUFFIT PAS : Choix de ma nièce pour finir ce festival. Et pour le coup, ça tombe bien, car à l’instar de « Tu seras un homme papa », il faut un certain temps pour se remettre de cette décharge émotionnelle. Comment un couple peut il survivre après avoir traversé une terrible épreuve (ici un cancer du sein…). Le texte est superbe, c’est bouleversant, ça sonne vrai, ça fait réfléchir…
Et puis il y a eu tous ces autres spectacles qui étaient « seulement » bons (Je pense à Lobby : dont les danseurs Hip-Hop nous en ont mis plein les yeux. Pigments : Une comédie romantique qui nous a fait voyager entre rires et larmes. Chatons violents : Seul en scène drôle et intelligent qui fait réfléchir avec son humour militant envoyant valser les préjugés, Le potentiel érotique de ma femme : Avec son côté décalé et sa narration ultra-rythmée…)
Bref encore une fois le OFF n’a jamais aussi bien porté son slogan
MILLE SPECTACLES, MILLE EMOTIONS