FAUSSE NOTE

❤️❤️❤️💛
Quand une simple visite vire au cauchemar intérieur
Condition des Soies - 17h20
FAUSSE NOTE nous entraîne dans une joute verbale d'une rare intensité entre un chef d'orchestre et un mystérieux visiteur. Très vite, ce qui semblait être une simple rencontre fortuite bascule en un interrogatoire redoutable.
Dès les premières minutes, la tension s’installe et ne cessera de monter, portée par un duo d’acteurs magistral. Didier Caron et Pierre Azéma impressionnent par la justesse de leur jeu : regards acérés, silences lourds de sens, ruptures de rythme millimétrées. On perçoit non seulement une maîtrise technique indéniable, mais aussi, et surtout, une intensité émotionnelle saisissante.
Ce huis clos, véritable thriller psychologique, explore les zones grises de la mémoire, du pardon et de la culpabilité, sans jamais céder au manichéisme. Le sujet, fort et délicat (que je ne dévoilerai pas ici) est abordé avec une remarquable justesse. Didier Caron, qui signe également la mise en scène, évite tout effet démonstratif : son écriture fluide mise sur la progression du doute, l’éveil de l’émotion, la lente déflagration intérieure.
La force de la pièce réside aussi dans sa mise en scène épurée. Quelques meubles, une lumière discrète, un espace restreint : rien ne vient distraire. Tout est au service du jeu, du texte, de l’émotion brute. Ce dépouillement scénique accentue le sentiment d’enfermement, de huis clos suffocant, presque carcéral.
Certes, quelques longueurs peuvent se faire sentir dans la seconde partie, mais loin de nuire à l’ensemble, elles participent à l’asphyxie voulue du dispositif, et accompagnent la lente révélation de vérités enfouies.
Le final laisse le public bouleversé. Et lorsque Didier Caron lui-même peine à sortir de son personnage au moment des saluts, on comprend que ce spectacle va bien au-delà d’un simple exercice de style : c’est un choc scénique, à la fois sobre, tendu, et viscéralement humain.


