NOTRE JEUNESSE

❤️❤️❤️
Ils crient dans le vide. Le théâtre les fait entendre
11.Avignon - 10h00
NOTRE JEUNESSE dresse le portrait d’une génération déboussolée, en quête de sens et d’appartenance dans une société qui semble l’exclure. On suit le destin parallèle de deux jeunes adultes, Grim et Anna, chacun à la dérive, qui cherchent leur place et dont les rencontres seront le reflet d’un monde dysfonctionnel.
La première partie du spectacle peine un temps à installer son rythme. L’introduction des personnages, leur dispersion narrative, la densité des monologues, bien qu’empreints de sincérité, m’ont un peu désorienté dans un premier temps.
Puis dans son deuxième acte, la pièce trouve son souffle. L’arrivée du personnage d’Aziz, gardien de bar à la sagesse inattendue, marque un tournant et offre une réelle profondeur au récit.
À partir de là, le spectacle prend de l’ampleur, se libère, devient même... drôle. Je pense surtout à la performance remarquable de Grégory Nardella dans le rôle d’un policier tendu à l’extrême. Un bijou d’interprétation mêlant grotesque et tension sociale.
Une tension qui atteindra son paroxysme dans un dernier acte brillant de maitrise.
La scénographie minimaliste laisse place à l’imaginaire du spectateur, pendant que la musique électro live, bat comme un cœur nerveux et rythme récit. Les comédiens restent en permanence à vue, sur un plateau où le décor modulable, monté à vue par les acteurs eux-mêmes, devient le prolongement de leur errance.
Ce qui frappe, au final, c’est la justesse du regard porté sur cette jeunesse : jamais caricaturale, toujours humaine. La pièce ne cherche pas à expliquer, ni à excuser, mais à faire ressentir l’épaisseur des vies cabossées. Elle interroge autant l’immaturité des jeunes que l’usure des adultes, sans juger, avec une tendresse brute.


