ORPHELINS

❤️❤️❤️
Jusqu’où iriez-vous pour protéger un être cher ?
Espace Roseau Teinturiers - 17h30
La pièce ORPHELINS nous plonge d’emblée dans une atmosphère étouffante : alors que Danny et Helen s’apprêtent à passer une soirée romantique, Liam, le frère de cette dernière, surgit, couvert de sang. Ce point de rupture marque le début d’une descente vertigineuse dans une quête de vérité aussi oppressante que bouleversante.
Le récit, construit comme un huis clos haletant, s’articule autour d’un trio dont les liens familiaux vont être mis à rude épreuve. Liam, fragile et au discours décousu, semble aussi menaçant que vulnérable. Helen, sa sœur, cherche coûte que coûte à le protéger, quitte à se perdre elle-même. Quant à Danny, tiraillé entre l’amour qu’il porte à sa femme et ses convictions morales, il devient la voix lucide du drame, contraint de faire des choix déchirants.
Les enjeux moraux se mêlent aux secrets enfouis, et chaque révélation ébranle un peu plus les repères du spectateur. À travers une tension croissante, la pièce nous interroge sur notre rapport à la loyauté, à la justice et à la violence.
La mise en scène, avec ses lumières froides, accentue l’aspect claustrophobique de la situation, tandis que de brèves parenthèses oniriques viennent troubler notre perception du réel. Ce contraste participe à l’étrangeté du spectacle, à la fois ancré dans une réalité brute et teinté d’un certain vertige psychologique.
Le trio de comédiens livre des performances d’une grande intensité, incarnant des personnages ambigus, pris au piège entre leurs sentiments et raison. Cependant, les dialogues volontairement hachés du personnage d’Helen ont nui à mon immersion. Un choix de mise en scène qui m’a perturbé, mais n’enlève rien à la qualité du jeu de la comédienne Julia Gratens qui livre une interprétation d’une puissance sidérante.
Malgré cette réserve, ORPHELINS s’impose comme un thriller théâtral percutant, dérangeant, profondément humain, qui interroge sans relâche : que serions-nous capables de faire, par amour, par peur, ou par devoir ? Une pièce qui ne laisse clairement pas indemne.


