WICKED 2
❤️❤️❤️
Ce tour de magie où le lapin refuse de sortir du chapeau

L’année dernière, WICKED avait été une énorme surprise, au point d’être à deux doigts d’intégrer mon TOP 10 2024. J’attendais donc ce deuxième volet avec une vraie impatience, d’autant qu’il devait conclure l’adaptation du classique de Broadway en rassemblant les enjeux émotionnels, politiques et musicaux mis en place dans le premier film.
Dès les premières minutes, on retrouve ce qui m’avait charmé : cette guimauve assumée, délicieusement kitsch, portée par une Ariana Grande toujours aussi irrésistible dans la peau de la « gentille sorcière » à la fois adorable, agaçante et hilarante. L’univers visuel reste extrêmement soigné : un monde coloré, des costumes somptueux, des décors travaillés… même si, une fois encore, quelques fonds verts trop visibles viennent briser l’illusion.
Le duo de sorcières demeure le pilier du film. Leurs liens sont approfondis, avec certains moments de dramaturgie qui viennent chercher l’émotion.
Nous sommes face à un deuxième épisode plus sombre, offrant des arcs narratifs intéressant pour certains personnages, comme la sœur d’Elphaba ou la façon d’introduire les personnages emblématiques du MAGICIEN D’OZ.
Sur le plan des thèmes, cette suite approfondit naturellement ce que le premier opus abordait déjà. Là où le premier film se concentrait sur la discrimination, la stigmatisation et l’acceptation de soi, ce deuxième film glisse vers quelque chose de plus politique : montée de l’extrémisme, propagande institutionnelle, manipulation de masse… Le récit se veut plus mature, presque philosophique, et la dimension tragique s’intensifie au fil des révélations. On sent que Jon M. Chu a voulu livrer une conclusion émotionnelle forte, même si elle est moins spectaculaire que le premier acte.
Mais malgré toutes ces qualités, la magie n’a pas opéré comme l’année précédente. Le premier problème, déjà perceptible dans la Partie 1, reste le rythme. C’est long. Trop long. On sent que le matériau narratif n’était pas suffisant pour justifier deux films entiers, et certaines scènes paraissent étirées pour atteindre une durée imposée. Le diptyque aurait probablement gagné en puissance et en fluidité s’il avait été condensé en un seul film plus dense.
Le second souci, et non des moindres pour une comédie musicale, vient du volet musical. Certes, les performances vocales des deux actrices sont impeccables. Cynthia Erivo impressionne autant qu’elle émeut, Ariana Grande offre une présence vocale maîtrisée. Et pourtant, à la sortie de la salle, aucune chanson ne m’est resté en mémoire, et je me suis retrouvé à fredonner les POPULAR et DEFYING GRAVITY du premier opus.
Les chorégraphies souffrent du même constat : moins inventives, moins mémorables, loin des éclats visuels de la scène de la bibliothèque ou du bal du premier film. Je sauverais néanmoins un numéro utilisant ingénieusement un jeu de miroirs, qui sort vraiment du lot.
Malgré un univers toujours enchanteur, une direction artistique ambitieuse et quelques belles idées dramatiques, je ressors avec une vraie déception. Le spectacle est là, mais la magie, celle qui m’avait surpris et transporté l’année dernière, s’est affadie en chemin. Le film conclut bien l’histoire… mais sans l’étincelle qui aurait permis de la graver dans les mémoires.


